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"On ne pouvait pas le prévoir", la propriétaire du cheval mort dans le gouffre formé dans le Morvan témoigne

"On ne pouvait pas le prévoir", la propriétaire du cheval mort dans le gouffre formé dans le Morvan témoigne
Un trou de 30m2 et profond de 15 mètres s'est creusé. © Groupe Orano

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Le sol s’est en partie effondré dans un ancien site minier de Grury, en Saône-et-Loire. Un cheval est mort, engouffré. Ses propriétaires reviennent sur l’incident.

Depuis des générations, une même famille occupe cette maison. "Nous sommes propriétaires d’une trentaine d’hectares autour de la maison. Il y a une petite parcelle de trois à cinq hectares qui, en revanche, appartiennent à Orano Mining", glisse la propriétaire, qui tient à rester discrète. Orano est issue du démantèlement d’Areva, en 2018. L’entreprise française reste spécialisée dans l’extraction de l’uranium. Elle est en charge du site, même après son exploitation.

Un cheval est décédé dans le gouffre de 15 mètres qui s'est formé au-dessus d'une ancienne mine d'uranium du Morvan

Sur cette parcelle, un puits minier était installé avant d’être rebouché à la fin de l’exploitation du site, en 1984. Une convention d’occupation permet à cette famille voisine d’entretenir le pré et d’y laisser paître ses animaux, deux chevaux et un âne. "Le puits était bouché depuis longtemps. C’était un pré normal", poursuit la propriétaire.

Effondrement la veille ?

Vendredi 12 avril, le couple s’étonne de ne pas apercevoir "Yack", l’un de leurs chevaux, sans pour autant s’en inquiéter. "Samedi, on a commencé à se poser des questions quand on est allé nourrir notre âne et les deux chevaux. On ne le voyait toujours pas." L’inquiétude grandit peu à peu. L’animal se serait-il enfui ? Les propriétaires restent indécis. "Ce n’est pas dans sa nature."

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"Mon mari est alors monté dans la voiture, à commencer à tourner pour le retrouver." Yack manque toujours à l’appel. À quelques mètres d’une haie, le propriétaire découvre un trou "énorme". Le couple comprend que l’animal est très probablement au fond de celui-ci.

"On a tout de suite appelé le maire." Un arrêté municipal interdisant l’accès au site est immédiatement pris. À 16 heures, les pompiers arrivent sur les lieux. Orano et les services de l’État montent une cellule d’urgence.

Un cratère de cinq mètres de diamètre et près de vingt mètres de profondeur s’est formé. L’animal, lui, est mort, engouffré. 

A-t-il été trop curieux en s’approchant du trou qui s’est formé devant lui ? Le trou s’est-il formé sous son poids ? On ne sait pas.

La météo capricieuse des jours précédents aurait, en revanche, fragilisé le sol. "On pouvait faire ce qu’on voulait dessus, ou presque. Imaginons qu’un tracteur passe au-dessus du trou. Ça aurait pu être bien pire. On ne pouvait pas le prévoir."

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Un périmètre de sécurité de trois hectares a été mis en place. Les experts n’ont détecté aucune radioactivité anormale. Des études sont toujours en cours sur le site. La propriétaire souligne : "Le préfet nous a aussi appelé le soir même. Orano nous tient informé chaque semaine. Ils ont été très humains. Ils nous accompagnent. Aujourd’hui, on attend. On nous a montré les plans des galeries, de tout ce qui a été rebouché. L’objectif, c'est surtout d’éviter qu’un tel événement ne se reproduise."

Fabien Agrain-Védille


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